"L’Interruption des tâches (IT) est définie par l’arrêt inopiné, provisoire ou définitif d’une activité humaine. La raison est propre à l’opérateur, ou au contraire, lui est externe.
L’IT induit une rupture dans le déroulement de l’activité, une perturbation de la concentration de l’opérateur et une altération de la performance de l’acte. La réalisation éventuelle d’activités secondaires achève de contrarier la bonne marche de l’activité initiale"1-2.
L’analyse des événements indésirables graves associés aux soins montre que les causes liées à l’équipe sont majoritaires.
Quelques chiffres... La base de données de l’accréditation volontaire des spécialités à risques identifie entre 2011 et 2013, 28 700 événements porteurs de risque et attribue près de 27 % des causes aux problématiques d’équipe. Parmi ces problématiques d’équipe, 35 % des causes relèvent de la communication entre professionnels. Un travail réalisé par le CHU d’Angers en 2013 démontrait que 19 % des causes des EIG, soit 1 EIG sur 5 (n=250 annuel) relevait d’une interruption de tâche3. |
Véritable nuisance dans les organisations, les interruptions de tâche brisent la concentration sur la tâche et sont un facteur prépondérant dans la génération des erreurs, en particulier dans les activités complexes ou à fort enjeu sécuritaire.
Cependant, l’interruption de tâche n’est pas une fatalité : voici quelques principes généraux pour lutter efficacement contre ce fléau des organisations.
Il est important de comprendre que, culturellement, le soignant considère qu’il doit être disponible à tout instant pour remplir sa mission de soin.
Il considère donc l’IT comme "normale". Il n’imagine pas devoir dire "non" à une sollicitation, sans pour autant se poser la question :
"Cette demande est-elle plus importante que la tâche que je suis en train de réaliser ?"
"Est-elle pertinente à ce moment précis ?"
"Est-ce une urgence au regard de la sécurité de la tâche que j’effectue en ce moment ?"
L’enquête réalisée au CHU d’Angers montrait que 95 % de 495 IT recensées étaient non justifiées2 (exemple : IDE en préparation des médicaments, interrompue par un interne qui vient lui demander son aide pour une ponction lombaire à effectuer quand le patient sera de retour de sa consultation).
Il faudra donc agir sur la sensibilisation des professionnels et, plus difficile, faire évoluer la culture de toute l’équipe, médecins compris.
Composer le groupe de travail représentatif de l’activité : Médecins, IDE, AS, ASH, Secrétaires, etc.
Les objectifs du groupe sont de :
L’acte à risque est identifié en fonction de ses conséquences potentielles en cas de mauvaise réalisation. Il peut s’agir par exemple de :
Il vaut mieux limiter le nombre d’actes à risques, voire ne conserver que celui le plus contributif aux EIG. L’adhésion aux consignes de non-interruption n’en sera que meilleure.Il est possible par exemple de commencer par la préparation des médicaments, tâche hautement exposée aux erreurs avec un impact parfois dramatique sur le patient, comme l’a démontré l’étude MERVEIL5. |
L’organisation définie a pour objectif de limiter les interruptions de tâche aux seules absolument indispensables (exemple : appel à l’aide pour un arrêt cardiaque dans une chambre) et de redistribuer la disponibilité. Les outils ne sont qu’une aide à cette organisation.
Des outils existent pour signaler que le professionnel réalise un acte identifié comme ne devant pas être dérangé. Il est important de choisir le bon outil. Il doit :
Quelques exemples d'outils...
Les interruptions de tâches, en particulier lors de l’administration des médicaments, au plus près du patient ou dans les salles de soins, peuvent être le fait des patients ou de leurs proches. Il est donc important de communiquer avec les patients et le public :
L’opérateur doit pouvoir refuser de se laisser interrompre.
Notes